Notre Paris Web 2017
Attention ! Cet article a été écrit en 2017. Son contenu a peut-être besoin d’une mise à jour. Complétez votre veille avec des articles plus récents, par exemple en consultant les nouveautés de notre blog accessibilité numérique, ou en lançant une recherche pour trouver des articles similaires, mais à jour.
Événement annuel de l’écosystème numérique français, Paris Web a de nouveau réuni quelques centaines de participants pour deux jours de conférences et une journée d’ateliers début octobre.
Cette année encore, Access42 a participé ; Florian, Marie et Sylvie étaient sur place ! Nous étions présents pour animer une conférence et un atelier mais voici également notre retour sur l’ensemble de cette nouvelle édition.
L’accessibilité de Paris Web : une valeur sûre !
Depuis plusieurs années, Paris Web est connu pour les efforts déployés concernant la mise en accessibilité des conférences. Tout d’abord, l’espace de conférence était desservi par les transports en commun et accessible aux personnes à mobilité réduite.
Les conférences étaient traduites en langue des signes française, et, dans le grand amphithéâtre, retranscrites à l’aide de la vélotypie. Saluons le travail des interprètes qui ont dû traduire à toute vitesse des conférences parfois techniques où les orateurs parlaient avec un débit impressionnant !Sylvie regrette néanmoins que beaucoup d’orateurs oublient que certains spectateurs ne voient pas l’écran et qu’ils ne décrivent pas assez ce qu’ils affichent. Par exemple, la présence d’URL ou de flash-code n’était pas toujours annoncée oralement.
Même si beaucoup de supports de présentation étaient au traditionnel format PowerPoint, certains orateurs utilisaient des outils de diaporama accessibles tels que AccesSlide. Ce qui a, bien entendu, ravi l’équipe !
Les conférences
L’objectif de cet article n’est pas de faire un compte-rendu des conférences de Paris Web 2017 mais d’évoquer trois conférences que nous avons appréciées. L’intégralité des vidéos des conférences (et leur diaporama si disponible) sont de déjà en ligne.
1. Accessibilité, je t’emmènerai jusqu’au bout du back présentée par Julie Moynat
Lorsque l’on parle d’accessibilité numérique, et plus précisément de l’accessibilité du web, on se concentre généralement sur les parties visibles des sites Internet. Les parties liées à l’administration, les backoffices, font plus rarement l’objet de publications et de conférences.
Pourtant, un backoffice inaccessible empêchera probablement des rédacteurs web tout à fait compétents de produire du contenu sur vos sites web, simplement parce qu’il est en situation de handicap.
Pour sa conférence, Julie Moynat a choisi de s’attaquer au sujet par un retour d’expérience. Son approche très opérationnelle répondait à une commande précise puisqu’il s’agissait de rendre possible la production et la gestion de contenus par les personnes aveugles travaillant chez Braillenet.
Si la démarche s’est avant tout concentrée sur les besoins des personnes aveugles, le retour d’expérience de Julie a permis d’aborder un sujet trop souvent laissé de côté et de donner un premier diagnostic de l’accessibilité de WordPress et quelques-unes de ses extensions pour une personne aveugle.
Parmi les enseignements que l’on retiendra de cette conférence :
- Le cœur et les interfaces de WordPress sont plutôt accessibles pour les personnes aveugles même si quelques obstacles persistent notamment pour la gestion des menus et la gestion des widgets.
- Sans surprises, le gros des problèmes réside dans les extensions, gérées par des tiers qui ne respectent pas toujours les standards de WordPress et d’accessibilité.
En matière d’accessibilité, WordPress ne semble pas en reste par rapport aux autres CMS. Ce retour d’expérience rappelle le chemin restant à parcourir par ces outils afin de contribuer pleinement à rendre le web accessible à tous les publics.
Rappelons qu’un référentiel CMS figure parmi les ressources du RGAA. Ce référentiel est au CMS ce que le RGAA est au Web. En somme, il s’agit d’une liste de critères et de tests visant à s’assurer que les interfaces sont bien accessibles à tous les publics et que le contenu généré automatiquement par les CMS l’est également.
2. Surdité et accessibilité du web présentée par Dame Fanny
Fanny a décrit le quotidien d’une communauté que l’on n’entend pas souvent, celle des personnes sourdes. Elle a rappelé qu’en France, 4,1 millions de personnes présentent un déficit auditif.
Selon Fanny, beaucoup de clichés sur la surdité perdurent aujourd’hui ! Le mot « sourd » n’est pas un gros mot, il n’y a pas besoin de le remplacer par « malentendant », et encore moins par « sourd-muet » ; les personnes sourdes parlent ! Le plus simple étant de demander aux personnes comment elles souhaitent être désignées.
D’un point de vue historique, Fanny a rappelé que les sourds ont longtemps été mis au ban de la société, ce qui explique le taux élevé d’illettrisme dans la communauté sourde (de 60 à 80 % selon les sources). En France, ce n’est qu’en 1991, avec la loi Fabius, que la Langue des Signes n’est plus interdite !
Une citation du sociologue Bernard Mottez nous a beaucoup plu : Nous ne sommes pas handicapés, c’est la société qui nous handicape
.
Si Internet a permis une prise d’autonomie pour les personnes sourdes, Fanny a également abordé rapidement des solutions pour améliorer l’accessibilité du web aux personnes sourdes :
- Des sous-titres systématiques et de qualité ;
- Des vidéos en langue des signes, réalisées avec des interprètes qualifiés.
3. Namaste qualité présentée par Marie Terrier
Parce que nous ne sommes pas monomaniaques et qu’il est aussi intéressant d’écouter l’expérience de personnes travaillant dans d’autres domaines que l’accessibilité !
Lors de cette conférence, Marie a témoigné des différences de culture et d’habitudes de travail entre la France et l’Inde, notamment :
- Difficultés de compréhension entre les accents, des deux côtés. À son arrivée, Marie ne savait pas si les développeurs parlaient indien ou tamoul !
- Des façons de travailler différentes. Par exemple, en Inde, les Universités forment plutôt des exécutants, les développeurs indiens n’avaient donc pas l’habitude de donner leur avis, de faire des suggestions.
- Différences dans le mode de communication. Les Indiens ne disent jamais « Non » ou « Je ne sais pas ». À l’inverse, les Français sont plus directs, leurs reviews n’étaient pas très bien acceptées ou perçues au début.
- La difficulté du travail à distance : absence de langage corporel, mails trop longs et plein d’informations, décalage horaire, etc.
Marie a expliqué plusieurs stratégies qu’elle a dû développer pour réussir à collaborer efficacement avec la partie de l’équipe travaillant dans ce pays :
- Se remettre en question et changer ses façons de faire : se demander si on prononce bien le mot correctement, utiliser des structures de phrase simples, faire appel à des schémas.
- S’assurer que les collaborateurs ont bien compris : répéter, reformuler, faire reformuler. Ce n’est pas parce qu’une personne dit « OK, OK », qu’elle a vraiment compris !
- Slack, avec différents channels, et les appels téléphoniques réguliers permettent de rester en lien avec ses équipes et les réalités de chacun (catastrophes naturelles ou troubles politiques en Inde) malgré la distance.
- Marie a appris à reformuler ses reviews de manière beaucoup plus positives en prenant du recul, en utilisant des smileys et en remplaçant les phrases exclamatives par des interrogations.
- Afin de faciliter la parole, des points quotidiens sont organisés ainsi que des discussions entre collègues (peer review), cela permet à tous de prendre la parole, d’expliquer les éventuels problèmes rencontrés, de la façon qui correspond le mieux à chacun (peur de prendre la parole en public, de solliciter sa hiérarchie, etc).
Marie tenait à montrer que mettre en place une culture de la qualité passe par l’implication de toute l’équipe, d’autant plus si celle-ci est composée de personnes de cultures et de langues maternelles différentes. En conclusion, elle a aussi mentionné quelques points d’amélioration.
Notre participation à Paris Web
Lecteurs d’écran : le choc des titans
Pendant 40 minutes, Sylvie a brossé un tableau de l’évolution des lecteurs d’écran, de leurs caractéristiques et de leurs différences dans les systèmes d’exploitation les plus connus. Vous pouvez revoir sa conférence intitulée « Lecteurs d’écran : le choc des titans » et (re)découvrir son diaporama.
En conclusion de cette conférence, Sylvie a montré qu’aujourd’hui les lecteurs d’écran sont disponibles sur tous les systèmes d’exploitation et que l’utilisateur a la liberté du choix. Elle a toutefois insisté sur le fait qu’un lecteur d’écran ne fera pas correctement son travail si les recommandations d’accessibilité ne sont pas respectées.
Atelier sur l’évaluation de composants JavaScript avec un lecteur d’écran
Pendant cet atelier, Sylvie et Florian ont montré aux participants comment évaluer ces composants avec les lecteurs d’écran NVDA (pour Windows) et VoiceOver (sur MacOS). Une vingtaine de participants ont ainsi tenté de naviguer dans une boîte de dialogue et un slider.
Pour sa toute première expérience à Paris Web, Florian a pu compter sur l’expérience d’oratrice de Sylvie. L’atelier a également été l’occasion pour Florian et Sylvie d’échanger et de s’enrichir de leurs compétences respectives, entre formateur technique et experte des lecteurs d’écran.
Les échanges avec les participants se sont montrés particulièrement enrichissants, avec des questions témoignant d’un réel intérêt pour le sujet et les personnes aveugles utilisant ces outils au quotidien.
Retrouver le diaporama de l’atelier et le guide des raccourcis clavier de NVDA et VoiceOver (Word, 34 ko).
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