La personnalisation par les surcouches : une illusion d’accessibilité

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Les widgets de « surcouches d’accessibilité » (« accessibility overlays » en anglais) soulèvent de nombreuses questions techniques et éthiques, bien au-delà de nos frontières.

Dans un état des lieux rigoureux (en anglais) publié en 2023, Karl Groves, éminent confrère américain expert en accessibilité numérique, a analysé en détails les principaux outils concernés.

Son analyse donne à voir les fonctionnalités proposées par ces outils de « surcouches », les promesses faites par leurs éditeurs, mais aussi leurs impostures.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de publier la traduction française de cet article. Nous remercions Karl pour son aimable autorisation.

Important

L’intention initiale de cet article était de fournir des exemples complets sur l’utilisation des fonctionnalités proposées par les widgets de surcouche, en expliquant leur mode d’opération, le tout illustré avec des captures d’écran comparatives avant-après.

Cependant, en raison du caractère litigieux de certains fournisseurs de solutions de surcouches et surtout l’acharnement qu’ils dirigent envers leurs dissidents (en anglais), j’ai décidé de traiter le sujet sans citer de noms.

Table des matières

  1. Introduction
  2. Résumé

    1. Synthèse des observations
  3. Observations détaillées

    1. Modifications textuelles

      1. Modification de la taille de la police de caractères
      2. Modification de la famille de police de caractères
      3. Modification de l’interlignage
      4. Modification de l’espacement entre les lettres
      5. Modification de l’alignement du texte
    2. Modifications d’affichage

      1. Contraste élevé
      2. Niveau de gris
    3. Arrêt des animations
    4. Mise en surbrillance du contenu
    5. Modification des couleurs
    6. Indicateur de focus
    7. Modification du pointeur/curseur
    8. Synthèse vocale
    9. Commande vocale
    10. Autres fonctions soi-disant d’assistance

      1. Affichage du texte alternatif des images
      2. Navigation au clavier
      3. Suppression des distractions
  4. Conclusion

Introduction

Les « surcouches d’accessibilité » (« overlays » en anglais) constituent une catégorie de logiciels informatiques qui prétendent améliorer l’accessibilité des sites web sur lesquels ils sont installés.

Les surcouches se targuent d’offrir une meilleure accessibilité à travers deux modes d’opération principaux :

  • la modification de la page web directement, de sorte à éliminer toute erreur d’accessibilité au niveau du code ;
  • la mise à disposition d’une série de contrôles, souvent appelés « widgets », conçus en théorie pour fonctionner comme des outils de technologies d’assistance à la demande, et qui modifient à plus grande échelle la présentation et/ou le fonctionnement de la page afin d’en faciliter son utilisation.

Les fournisseurs de solutions de surcouches affirment que leurs produits répondent aux problèmes d’accessibilité en ce qu’ils assurent de façon automatique la conformité d’un site aux normes nationales et internationales en vigueur.
Ces déclarations sont fausses.

Pour en savoir plus sur les revendications des éditeurs d’outils de surcouche, je vous invite à consulter cette liste de fausses déclarations (en anglais).

Le présent document entend présenter les fonctionnalités opérationnelles des widgets proposés par les outils de surcouche.

Il compare ensuite ces fonctionnalités avec celles déjà intégrées aux ordinateurs des utilisateurs et utilisatrices, soit via le système d’exploitation de leur ordinateur, soit via le navigateur.

Résumé

Entre octobre 2021 et janvier 2022, j’ai mené une enquête approfondie sur les principaux acteurs du marché des surcouches d’accessibilité web. Au cours de cette étude, j’ai analysé les capacités fonctionnelles des widgets proposés par les produits, évoqués en introduction.

J’ai basé mes recherches en très grande partie sur les sites web des fournisseurs, en partant du principe que ces sites web exécuteraient eux-mêmes la dernière version du produit commercialisé.
Afin de mener l’enquête sur certaines fonctions comme l’arrêt des animations, j’ai dû consulter le site web des clients directement.

Entre le début de mes recherches et l’écriture de cet article, quatre sur les six sites web clients consultés dans le cadre de l’étude ont retiré leurs surcouches.

Ce travail a révélé que les fonctionnalités proposées par les widgets de surcouche n’étaient que d’insuffisantes tentatives de reproduire les fonctionnalités et capacités déjà intégrées à tous les ordinateurs disponibles sur le marché depuis 2015.

Certaines fonctionnalités ont bien un potentiel bénéfique, mais il faut garder à l’esprit que les utilisateurs et utilisatrices qui ont besoin de ces fonctionnalités sur un site web donné en ont aussi besoin sur tous les autres sites qu’ils consultent, ainsi que sur l’ensemble des applications installées sur leur ordinateur.

Par exemple : une personne qui doit activer le mode contraste élevé sur un site web Y aura également besoin de l’activer sur tous les autres sites web qu’elle consulte et sur tous les logiciels sur son ordinateur.

La solution réside donc au niveau du système d’exploitation ou du navigateur, ou encore en installant un logiciel dédié sur son ordinateur et ne consiste pas à dupliquer des solutions individuelles à l’échelle des différents sites web consultés.

Cela étant, l’une des stratégies employées par ces entreprises repose sur l’argument de la « personnalisation » de l’expérience.
Comme vous allez le découvrir, le niveau de personnalisation qu’offre l’utilisation de surcouches d’accessibilité n’atteint quasiment jamais les performances natives des systèmes d’exploitation ou des navigateurs.

Synthèse des observations

Dans le tableau ci-dessous, la colonne de gauche liste les fonctionnalités de personnalisation proposées par les widgets de surcouche. La colonne de droite décrit de manière succincte le mode d’opération de chaque fonctionnalité et offre une comparaison avec les capacités natives d’un ordinateur.

Fonctionnalité Observations
Modification de la taille de la police de caractères Un seul widget de surcouche permet d’agrandir le texte à plus de 200 %, qui plus est avec moins de facilité par rapport aux capacités natives du navigateur.
Certaines surcouches provoquent le masquage ou la superposition de textes, les rendant impossibles à lire.
Le navigateur intègre également des capacités d’agrandissement significativement plus performantes et généralement sans problèmes de lisibilité.
De plus, il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modification sur tous les sites web consultés.
Modification de la famille de police de caractères Tous les widgets de surcouche sauf un permettent de modifier la police de caractères.
Deux widgets proposent de remplacer la police par une police généralement déjà utilisée (ou semblable à la police utilisée).
La plupart des autres widgets proposent une police présentée comme étant adaptée aux personnes dyslexiques, mais il n’existe qu’un faible consensus quant à l’utilité de telles polices.
Les systèmes d’exploitation et les navigateurs permettent de personnaliser les polices, et il existe aussi des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.
Modification de l’interlignage Quatre des surcouches évaluées permettent la modification de la hauteur des lignes.
Sur les quatre, seules deux permettent d’augmenter l’interlignage au-delà du seuil minimal requis par les Règles pour l’accessibilité des contenus web (WCAG).
Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’intègrent pas cette fonction, mais il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.
Modification de l’espacement entre les lettres Quatre des surcouches étudiées permettent d’ajuster l’espacement entre les lettres.
Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’intègrent pas cette fonction, mais il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.
Modification de l’alignement du texte Seulement deux des surcouches considérées permettent de modifier l’alignement du texte.
Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’intègrent pas cette fonction, mais là encore, il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur l’ensemble des sites web consultés.
Mode contraste élevé Tous les widgets de surcouche offrent la possibilité d’ajuster le contraste des couleurs.
Cependant, aucun ne propose le degré de granularité ni la variété d’options intégrés nativement au sein du système d’exploitation d’un ordinateur.
Niveau de gris Tous les widgets de surcouche offrent la possibilité d’ajuster le niveau de gris.
Aucun ne propose une fonctionnalité qui offre de meilleures performances que le mode de niveau de gris déjà intégré aux ordinateurs.
Arrêt des animations Tous les widgets de surcouche prétendent pouvoir arrêter les animations et/ou contenus clignotants. En réalité, seulement trois y parviennent de manière effective.
Tous les navigateurs peuvent être configurés pour suspendre les contenus animés et les préférences d’accessibilité prévues par les systèmes d’exploitation Windows et macOS contiennent des paramètres pour désactiver les animations.
De plus, il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent de réaliser ce type d’action sur tous les sites web consultés.
Modification des couleurs Trois widgets de surcouche offrent des fonctionnalités qui permettent de modifier les couleurs de certains types de contenu.
Sur l’ensemble des widgets, un seul propose un semblant de granularité.
Modification du curseur Presque tous les widgets de surcouche permettent de modifier le curseur. Cependant, les seules options consistent à choisir un curseur plus grand, en noir ou en blanc.
Windows et macOS permettent tous les deux de personnaliser le pointeur et proposent une gamme de couleurs et de tailles bien plus large.
Navigation à l’aide d’un lecteur d’écran Quatre widgets de surcouche offrent des fonctions destinées soit à servir de lecteur d’écran, soit à reproduire le comportement d’un lecteur d’écran pour naviguer entre des éléments comme des en-têtes et des liens.
Toutes ces fonctionnalités sont loin d’être aussi performantes que celles offertes par les systèmes de lecteur d’écran intégrés à Windows ou macOS.
Navigation au clavier Trois widgets de surcouche prévoient des fonctionnalités appelées « Navigation au clavier », « Naviguer au clavier » ou autres désignations similaires.
Dans les trois cas, la fonctionnalité ne propose pas les comportements attendus par les personnes naviguant exclusivement au clavier. L’une des fonctionnalités est conditionnée par l’activation d’autres fonctionnalités. Des raccourcis personnalisés prévus par l’un des widgets ne semblent pas fonctionner. Un autre widget positionne le focus clavier sur des éléments qui n’étaient pas destinés à recevoir d’interaction de la part des utilisateurs et utilisatrices.
Indicateur de focus Deux widgets de surcouche proposent un indicateur de focus amélioré et deux autres également bien qu’uniquement à l’activation d’autres fonctionnalités.
Il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés. Ces modifications sont également réalisables lorsque les fonctions de lecteur d’écran intégrées sont activées sur Windows et macOS.
Synthèse vocale Un widget de surcouche propose une fonctionnalité de synthèse vocale bien que celle-ci n’offre rien de plus ni de différent par rapport à son homologue intégré aux systèmes d’exploitation Windows et macOS.
De plus, il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites consultés et qui proposent des fonctionnalités bien plus robustes.
Commande vocale Un widget de surcouche propose une fonctionnalité de commande vocale appelée « Commandes vocales », qui doit être utilisée de pair avec la commande « Navigation au clavier » et qui n’est compatible qu’avec Google Chrome.
Cette fonctionnalité détecte les commandes à partir d’une liste, mais elle manque de précision : les commandes doivent souvent être répétées avant d’obtenir la réalisation de l’action souhaitée.
Cette fonctionnalité est loin d’être aussi performante que les capacités de commande vocale intégrées à Windows et macOS.
Contrôles de soulignement/surlignage Cinq widgets de surcouche prévoient la possibilité de souligner ou de surligner des types de contenu spécifiques, notamment des en-têtes et des liens.
Cette fonctionnalité n’est intégrée ni aux systèmes d’exploitation ni aux navigateurs. En revanche, il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.
Affichage de texte alternatif d’images Deux widgets de surcouche offrent la possibilité d’afficher les alternatives textuelles prévues pour les images.
L’un des widgets nécessite d’utiliser une souris, ce qui enfreint les WCAG.
Les systèmes d’exploitation et les navigateurs ne proposent pas cette fonctionnalité, mais il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.
Maintien de l’attention/suppression des distractions Quatre widgets de surcouche offrent des fonctionnalités destinées à éliminer les distractions (plus précisément à maintenir l’attention).
Pour cela, ils procèdent à des modifications visuelles de l’écran, généralement en obscurcissant la majeure partie de l’écran, pour ne laisser que la portion de contenu utilisée par l’utilisateur ou l’utilisatrice. La personne peut alors ensuite modifier la zone de focus.
Sans doute l’une des fonctionnalités les plus utiles proposées par les surcouches, il existe néanmoins des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modifications sur tous les sites web consultés.

Observations détaillées

Modifications textuelles

Les widgets de surcouche offrent souvent une série de contrôles qui permettent de modifier la présentation du contenu textuel sur la page. Ces modifications seraient censées faciliter la lecture.

Dans certains cas, c’est bien le résultat obtenu, et comme vous le découvrirez dans la suite de cet article, ces fonctionnalités de modification textuelle sont sans doute les seules fonctionnalités de surcouche à représenter un réel avantage pour les internautes.

Ironie du sort : aucune des modifications textuelles engendrées par les widgets de surcouche ne semble s’appliquer au produit lui-même.

Modification de la taille de la police de caractères

Les contrôles de modification de la taille de la police de caractères augmentent la taille du texte de la page sous-jacente.

L’option d’augmenter la taille du texte est utile pour les personnes ayant une légère déficience visuelle puisqu’elle rend le contenu plus facile à lire.

Windows et macOS offrent tous les deux la possibilité de modifier la taille de police par défaut ou de définir un niveau de zoom par défaut (ou les deux). Tous les navigateurs permettent également de zoomer sur le contenu. Il existe aussi des technologies d’assistance et des extensions de navigateur tierces qui permettent de modifier la taille de la police pour l’ensemble des sites web consultés.

La plupart des surcouches semblent concentrer les efforts à répondre à l’exigence de niveau double A des WCAG consistant à proposer un niveau de zoom à 200 %, plutôt qu’à offrir une expérience utilisateur enrichissante.

  • L’un des widgets de surcouche étudiés ne permet même pas de zoomer jusqu’à 200 %, dérogeant en ce sens aux critères de conformité de niveau double A des WCAG.
  • Un seul widget de surcouche permet d’agrandir le texte au-delà des 200 %. Cela dit :
    • l’agrandissement provoque souvent une superposition textuelle significative qui rend le contenu illisible ;
    • le contrôle permet un agrandissement de seulement 10 % par clic : une expérience utilisateur très en deçà de ce que proposent les navigateurs.
  • Les capacités d’agrandissement de texte proposées par la plupart des widgets ne favorisent pas la redistribution des contenus (« reflow » en anglais).
Constat

Lorsqu’il s’agit de modifier la taille de la police de caractères, les surcouches sont moins utiles que les outils intégrés aux ordinateurs.

Modification de la famille de police de caractères

Certaines polices peuvent être difficiles à lire, de manière générale, et c’est d’autant plus vrai lorsque les polices sont fines.

Le choix des polices est particulièrement important pour les personnes ayant des déficiences visuelles et des troubles de la lecture comme la dyslexie. Les fonctionnalités de modification de la famille de polices remplacent les polices de la page par des polices plus faciles à lire.

L’utilité même de modifier des polices est contestable, puisque la plupart des sites web utilisent déjà une police sans empattement (« Sans Serif »), et la plupart des modifications de famille de polices ne font que remplacer la police sans empattement existante par une autre police sans empattement. Nous développons ce point plus bas.

Certains widgets de surcouche proposent une police présentée comme étant plus facile à lire pour les personnes dyslexiques, mais la littérature scientifique à ce sujet est loin d’être concluante. La plupart des spécialistes de la question s’accordent à dire que d’autres considérations typographiques telles que l’interlignage, l’espacement des lettres et l’espacement des mots sont plus importantes que la question des familles de polices, à moins que la police utilisée soit incontestablement inadaptée.

Les systèmes d’exploitation et les navigateurs ne permettent pas de modifier la police d’un site web, faisant de ce type de surcouche l’une des seules à présenter une réelle utilité. Toutefois, et nous l’avons déjà évoqué, les solutions qui s’appliquent aux sites à titre individuel sont moins souhaitables qu’une solution qui s’applique à l’ensemble des pages consultées. Notons qu’il existe des extensions de navigateur capables de répondre à ce besoin.

Généralement appelées « police » ou « police lisible », la plupart des surcouches se contentent de basculer sur une police courante, comme Arial ou Helvetica. Certaines utilisent simplement une police Sans Serif générique.

Comme évoqué plus haut, la plupart des utilisateurs et utilisatrices ne verront pas la différence puisque la plupart des sites web incluent déjà des polices sans empattement.

Trois surcouches proposent aussi des options pour les polices avec empattement. Les trois proposent des polices censées être adaptées aux personnes dyslexiques, même si, comme nous l’avons mentionné, cette efficacité n’est pas avérée.

Constat

S’il existe un avantage théorique aux surcouches permettant de modifier les polices, on peut douter de leur intérêt pratique.

Les navigateurs et/ou systèmes d’exploitation devraient proposer cette fonctionnalité ; il est regrettable de devoir s’appuyer sur une solution qui s’applique uniquement aux sites à titre individuel.

Modification de l’interlignage

Contrôler la hauteur des lignes revient à augmenter l’espace entre les lignes de texte.

L’interlignage constitue également une considération importante pour les personnes ayant des déficiences visuelles ou des troubles de la lecture comme la dyslexie. Celles-ci peuvent bénéficier de contenus textuels plus lisibles en augmentant l’interlignage.

À l’instar du choix de la police de caractères, les systèmes d’exploitation et les navigateurs ne sont pas en mesure de modifier l’interlignage du texte.

Toutefois, et nous l’avons déjà évoqué, les solutions qui s’appliquent aux sites de façon individuelle sont moins souhaitables qu’une solution qui couvre l’ensemble des pages consultées. De plus, il existe des extensions de navigateur capables de répondre à ce besoin.

L’ajustement de la hauteur des lignes est sans doute la fonctionnalité la plus avantageuse des surcouches, suivi de l’espacement des lettres comme vous allez le découvrir plus bas.

La plupart des surcouches offrent des résultats plutôt concluants, mais l’une d’entre elles modifie l’interlignage, l’espacement des lettres et l’espacement des mots en une seule action tandis que les autres solutions proposent une plus grande flexibilité.

Constat

C’est positif que les surcouches permettent d’ajuster l’interlignage.

Les navigateurs et/ou systèmes d’exploitation devraient proposer cette fonctionnalité ; il est regrettable de devoir s’appuyer sur une solution qui s’applique uniquement aux sites à titre individuel.

Modification de l’espacement entre les lettres

Les contrôles d’espacement des lettres augmentent l’espace entre chacune des lettres constituant un mot.

Accroître légèrement l’espace entre les lettres peut améliorer la lisibilité des contenus textuels pour les personnes déficientes visuelles, dyslexiques ou présentant d’autres troubles de la lecture. Un espacement trop important peut, en revanche, rendre le contenu encore plus illisible.

Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’offrent pas la possibilité de modifier l’espacement entre les lettres sur un site web.

Toutefois, et nous l’avons déjà évoqué, les solutions qui s’appliquent aux sites de façon individuelle ne sont pas aussi souhaitables qu’une solution qui s’applique à l’ensemble des pages consultées. De plus, notons qu’il existe des extensions de navigateur capables de répondre à ce besoin.

Seulement deux surcouches proposent une fonctionnalité permettant d’ajuster l’espacement des lettres indépendamment de l’ajustement de l’interlignage.

Constat

Les surcouches qui permettent d’ajuster l’espacement des lettres sont bénéfiques. Là aussi, il est malheureux de devoir dépendre d’une solution qui s’applique uniquement aux sites à titre individuel. Les navigateurs et/ou systèmes d’exploitation devraient proposer cette fonctionnalité.

Modification de l’alignement du texte

Les contrôles d’ajustement de l’alignement du texte permettent de modifier la façon dont le texte est aligné sur une page donnée.

L’alignement textuel peut avoir un impact sur la facilité de lecture par les personnes ayant des handicaps cognitifs, linguistiques ou d’apprentissage.
Un texte aligné à gauche (ou à droite pour les textes en langue sémitique) offre une lecture beaucoup plus facile qu’un texte centré ou justifié.
L’alignement de la plupart des contenus web est de toute manière déjà adapté à la langue utilisée.

Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’offrent pas la possibilité de modifier l’alignement des textes sur un site web, mais il existe des extensions de navigateur capables de répondre à ce besoin.

Seulement deux surcouches offrent la possibilité de modifier l’alignement. Elles proposent des options pour « Centrer », « Aligner à gauche » et « Aligner à droite ». Une surcouche offre également l’option de justifier le texte.

Constat

S’il existe un avantage théorique aux surcouches permettant d’aligner le texte, on peut douter de leur intérêt pratique.
Les navigateurs et/ou systèmes d’exploitation devraient proposer cette fonctionnalité ; une solution qui s’applique uniquement aux sites à titre individuel n’est pas idéale.

Modifications d’affichage

Contraste élevé

Le contraste entre l’arrière-plan d’une page et son contenu et ses boutons impacte la facilité d’utilisation du site, en particulier pour les personnes présentant certaines déficiences visuelles.
En fonction de la nature et de la sévérité du trouble visuel, souvent les personnes malvoyantes tirent parti d’un niveau de contraste élevé.

Les systèmes d’exploitation intègrent des capacités natives pour régler le contraste. Sous macOS et Windows (Windows et versions ultérieures), les images d’arrière-plan s’affichent en mode contraste élevé, ce qui rend cette fonctionnalité bien plus conviviale qu’il y a quelques années.

Les outils de surcouche sont très hétérogènes dans la manière dont ils répondent aux besoins liés au contraste :

  • certains parviennent avec succès à basculer sur un affichage hautement contrasté, mais masquent systématiquement les images d’arrière-plan ;
  • certains modes de contraste élevé ne font qu’augmenter de façon minime le contraste et fonctionnent davantage comme un mode d’augmentation de la saturation ;
  • ironiquement, l’activation du contraste élevé ne modifie pas le contraste des widgets eux-mêmes.

Une seule surcouche modifie avec succès le contraste des images de la page, exactement comme le ferait la fonction native du système d’exploitation de l’ordinateur.

Constat

Lorsqu’il s’agit d’activer un mode de contraste élevé, les surcouches sont moins utiles que les outils intégrés aux ordinateurs.

Niveau de gris

Le mode Niveau de gris modifie les couleurs de la page de sorte à représenter toutes les couleurs en différentes nuances de gris.

Cette méthode de présentation peut être bénéfique pour les personnes présentant certains types de déficiences visuelles, de l’épilepsie photosensible ou des troubles du déficit de l’attention.

À l’instar du mode Contraste élevé, les systèmes d’exploitation Windows et macOS permettent d’activer un mode Niveaux de gris. Pour les deux systèmes d’exploitation, la fonctionnalité offre une activation très rapide.

Appelés « Daltonisme », « Monochrome », « Niveau de gris » ou « Désaturation », tous les widgets de surcouche offrent un certain degré d’ajustement des nuances de gris.
Aucun widget ne fait mieux ou aussi bien que la fonctionnalité native des systèmes d’exploitation.

Constat

Les surcouches n’offrent aucun avantage supplémentaire par rapport aux outils intégrés aux ordinateurs en termes de niveaux de gris.

Arrêt des animations

Les contenus animés, les effets d’animation et les vidéos peuvent poser problème pour les personnes présentant des troubles du déficit de l’attention ou des troubles vestibulaires.
Les contrôles d’arrêt des animations sont destinés à désactiver l’aspect animé des contenus.

Tous les navigateurs peuvent être configurés pour suspendre les contenus animés et les préférences d’accessibilité prévues par les systèmes d’exploitation Windows et macOS contiennent des paramètres pour désactiver les animations.
Il existe des extensions de navigateur tierces qui permettent d’effectuer ce type de modification sur tous les sites web consultés.

Tous les widgets de surcouche prétendent pouvoir arrêter les animations et/ou contenus qui clignotent. En réalité, seulement trois y parviennent véritablement.

Si dans certaines circonstances les surcouches réussissent à faire cesser les animations, elles échouent la plupart du temps.

Constat

Lorsqu’il s’agit de faire cesser des animations, les surcouches sortiraient vainqueures par rapport à des capacités natives, à condition d’être pleinement fonctionnelles.

Mise en évidence du contenu

Les fonctionnalités consistant à mettre du contenu en évidence servent prétendument à attirer l’attention sur certaines portions de contenu de la page, telles que des en-têtes ou des liens.

L’intérêt d’une telle fonction est contestable, notamment parce que le contenu en question est généralement déjà associé à un style de présentation distinct, défini par les développeurs du site.

Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’intègrent pas cette fonction.

Toutefois, il existe des extensions de navigateur qui prennent en charge ce comportement, mais aussi des technologies d’assistance pour les personnes déficientes visuelles ou ayant des troubles cognitifs qui offrent des capacités bien plus robustes que celles proposées par les surcouches.

Quatre widgets de surcouche offrent la possibilité de mettre certains types de contenu en évidence :

  • en-têtes ;
  • liens ;
  • titres.

De plus, deux des widgets comportent une fonctionnalité permettant de mettre du contenu en évidence au survol de la souris. Malheureusement, l’implémentation de cette fonctionnalité par les widgets de surcouche n’est pas au point.

En particulier, l’effet de surbrillance est souvent simpliste, consistant souvent à appliquer un arrière-plan jaune au contenu, créant potentiellement des problèmes de contraste.
Dans d’autres cas, la mise en évidence modifie la couleur du texte ou ajoute un soulignement coloré, engendrant là encore des problèmes de contraste chromatique.

Ces modifications des couleurs du contenu enfreignent par ailleurs le critère 1.4.1 des WCAG, représentant ainsi un impact net négatif en termes d’accessibilité.

Constat

Sur la question de la mise en évidence du contenu, les surcouches sortiraient gagnantes par rapport aux fonctionnalités natives si elles n’engendraient pas de nouveaux obstacles d’accessibilité.

Modification des couleurs

Les fonctionnalités de modification des couleurs varient fortement d’un produit à l’autre et de manière plus hétérogène par rapport aux autres fonctionnalités.

Certaines s’appellent « Modification des couleurs » et appliquent un filtre de couleur sur toute la page tandis que d’autres modifient les couleurs de l’arrière-plan et du contenu.
L’avantage de cette fonctionnalité telle qu’elle est actuellement implémentée est contestable en raison d’un manque de robustesse.

D’autres fonctionnalités de changement de couleurs, comme les modes Contraste élevé ou Niveau de gris, sont bien plus utiles.

Windows et macOS offrent tous les deux des fonctionnalités qui permettent de modifier les couleurs de certains contrôles ou contenus, ou de modifier toute la palette de couleurs de l’écran.
En ce qui concerne macOS par exemple, il existe un paramètre appelé « Filtres de couleurs » offrant quatre préréglages et la possibilité de personnaliser de manière exhaustive l’intensité d’une gamme infinie de couleurs.

Les surcouches étudiées abordent cette fonctionnalité de façon très hétérogène :

  • seulement trois widgets de surcouche proposent cette fonctionnalité ;
  • une surcouche modifie simplement les couleurs, comme le fait déjà le réglage « Filtres de couleurs » sous macOS, à la différence qu’elle n’offre qu’une seule possibilité de modification du « filtre » ;
  • une autre surcouche prévoit la possibilité de modifier les couleurs de trois types de contenu, de manière individuelle : le texte, les titres et l’arrière-plan ;
  • une seule surcouche offre une granularité d’ajustement des couleurs, mais il n’est pas possible de changer la couleur de tous les contenus.

La plupart du temps et pour la majorité des surcouches, l’ajustement des couleurs est susceptible d’engendrer des problèmes de contraste chromatique sur la page sous-jacente, chose qui n’arrive pas avec les filtres de couleur intégrés au système d’exploitation de l’ordinateur de l’utilisateur ou l’utilisatrice.
Paradoxalement, les surcouches modifient uniquement les couleurs de la page sous-jacente, laissant telles quelles les couleurs des widgets eux-mêmes.

Constat

Les surcouches sont moins utiles que les outils intégrés aux ordinateurs en matière de modifications des couleurs et entraînent des problèmes d’accessibilité.

Indicateur de focus

Les personnes sans trouble de la vision qui utilisent un clavier n’ont pas de difficulté pour identifier le contrôle qui reçoit le focus à mesure qu’elles tabulent à travers la page.

Les widgets de surcouche offrent souvent la possibilité d’activer une indication plus précise qui permet d’identifier sans risque d’ambigüité l’élément de la page qui reçoit le focus.
Les sites web fournissent rarement des indicateurs de focus clairs et évidents, d’où l’utilité de cette fonctionnalité pour les personnes ayant des déficiences de perception des couleurs ou d’autres déficiences visuelles.

Les systèmes d’exploitation et les navigateurs n’offrent pas la possibilité de modifier l’indicateur de focus de manière indépendante. Windows et macOS offrent tous les deux une fonction d’indication améliorée du focus dès lors que leur lecteur d’écran intégré est activé.

Il existe aussi des extensions de navigateur tierces qui répondent à ce besoin d’avoir ce type d’indication sur toutes les pages consultées.

Seulement deux surcouches offrent un indicateur de focus indépendamment d’autres fonctionnalités. Deux autres prévoient cette fonctionnalité dans le cadre de l’activation d’autres options.

Les surcouches qui proposent une fonctionnalité d’indication de focus autonome ont tendance à créer un doublon dès lors que la page consultée prévoit elle aussi un indicateur de focus.
Résultat : l’expérience est encore plus dégradée pour certaines personnes.

Constat

Si les surcouches étaient capables d’identifier la présence ou non d’une indication de focus pertinente, elles seraient effectivement utiles.
Malheureusement, elles n’y parviennent pas de manière suffisamment intelligente pour éviter les potentiels obstacles en matière d’expérience utilisateur.

Modification du pointeur/curseur

À l’instar de l’indication de focus, améliorer l’affichage du curseur peut être très utile pour les personnes ayant des déficiences visuelles.

Les surcouches proposent parfois des fonctionnalités qui rendent le pointeur et/ou le curseur plus visibles.

La fonctionnalité consistant à modifier le pointeur et le curseur est intégrée aux systèmes d’exploitation Windows et macOS par défaut.

Si quasiment toutes les surcouches présentent cette fonction elles aussi, les seules versions de curseur proposées sont un grand curseur noir ou un grand curseur blanc.

Les capacités natives des systèmes d’exploitation offrent une meilleure robustesse et plus de flexibilité que les fonctionnalités proposées par les surcouches.

Constat

Les surcouches de modification du pointeur et du curseur sont moins utiles que les outils intégrés aux ordinateurs.

Synthèse vocale

Afin que les personnes aveugles aient accès au texte à l’écran, celui-ci doit être restitué vocalement. Pour les personnes ayant des déficiences visuelles et celles ayant des difficultés de lecture ou des troubles cognitifs, la restitution vocale permet de compléter la lecture et ainsi réduire les difficultés de lecture et de compréhension du contenu.

Windows et macOS offrent tous les deux des fonctions de synthèse vocale, tout comme certaines applications de bureau comme Adobe Reader et Microsoft Office. Windows et macOS offrent en plus une gamme de paramètres pour contrôler la voix, le débit de parole, le volume, etc.

Il existe par ailleurs de nombreuses extensions de synthèse vocale tierces qui offrent des capacités très similaires à celles déjà intégrées aux systèmes d’exploitation, tout en offrant des fonctionnalités additionnelles, telles que la mise en surbrillance du texte lors de la lecture.

Deux widgets de surcouche offrent des fonctionnalités de synthèse vocale, mais seulement un widget présente une utilité. La surcouche en question propose des contrôles pour revenir en arrière ou avancer la lecture, en plus de la lecture en continu.
Il faut l’admettre, cette surcouche offre une meilleure expérience que les fonctionnalités natives du système d’exploitation.

Quant à l’autre surcouche étudiée, l’expérience utilisateur est complètement perturbée. Une fois la fonctionnalité activée, un clic sur un bloc de texte déclenche la restitution de celui-ci. Aucun problème jusque-là. Cependant, en cliquant sur un contrôle contenant du texte, le texte est annoncé partiellement seulement avant que l’action du contrôle soit réalisée (par exemple : redirection vers une nouvelle page).

L’expérience est donc de mauvaise qualité pour les personnes qui dépendent de la synthèse vocale, à cause d’une annonce incomplète d’éléments associés à des opérations qui sont néanmoins activées et qui entraînent un changement de contexte.

Constat

Les capacités de synthèse vocale des surcouches sont hétérogènes. L’une offre une expérience bénéfique tandis que l’autre offre une utilité bien moindre par rapport aux fonctionnalités natives, sans parler des nouveaux problèmes d’accessibilité engendrés.

Commande vocale

Les fonctionnalités de commande vocale permettent aux personnes ayant des handicaps moteurs de contrôler leur ordinateur. La commande vocale permet alors de naviguer, d’interagir avec des contrôles et de saisir du texte dans des champs.

Windows et macOS sont dotés de fonctionnalités qui offrent la possibilité de contrôler son ordinateur en saisie vocale. Des logiciels tiers comme Dragon Naturally Speaking offrent des solutions de commande vocale éprouvées depuis plus d’une décennie.

Seulement un widget de surcouche propose une fonctionnalité de commande vocale. Appelée « Commandes vocales », la fonctionnalité doit être utilisée de pair avec le contrôle « Navigation au clavier » et n’est compatible qu’avec Google Chrome. Il reconnaît des commandes à partir d’une liste qui apparaît dans une fenêtre sur la page, mais manque de précision.

Souvent, les commandes doivent être répétées plusieurs fois afin que l’outil réalise l’action, un comportement qui peut être source de frustration pour celles et ceux qui utilisent la fonctionnalité « Commandes vocales ».

Constat

Seule une surcouche offre la fonctionnalité de commande vocale. L’utilité de celle-ci est bien moindre par rapport aux capacités natives des ordinateurs et offre par ailleurs une expérience utilisateur de très mauvaise qualité.

Autres fonctions soi-disant « d’assistance »

Affichage du texte alternatif des images

Cette fonctionnalité présente visuellement toute alternative textuelle associée à une image.

Lorsqu’elle est prévue, une alternative textuelle aide les personnes qui n’arrivent pas à voir l’image à comprendre sa signification de manière contextualisée. Certaines personnes ayant des troubles cognitifs peuvent également en bénéficier.

Ni les navigateurs ni les systèmes d’exploitation ne sont dotés de fonctionnalités qui affichent l’alternative textuelle d’une image.

Il existe également relativement peu d’extensions de navigateur qui réalisent cette tâche. La plupart de celles qui existent offrent surtout une utilisation en tant qu’outil de test ou de visualisation d’alternatives textuelles des publications sur les réseaux sociaux.

Deux surcouches proposent cette fonctionnalité et affichent le texte alternatif des images sous forme d’infobulle au survol de la souris. Les infobulles utilisées pour afficher le texte alternatif ne peuvent pas être déclenchées au clavier, rendant inaccessibles les informations aux personnes qui n’utilisent pas de souris.

Les personnes voyantes qui se servent d’un clavier ou d’un écran tactile et les personnes aveugles ou déficientes visuelles qui utilisent un lecteur d’écran n’ont donc pas accès aux informations comprises dans les infobulles.

Constat

S’agissant de l’affichage des alternatives textuelles, les surcouches sortiraient gagnantes par rapport aux capacités natives si elles n’engendraient pas de nouveaux obstacles d’accessibilité.

Les utilisateurs et utilisatrices qui ne perçoivent pas ou qui perçoivent mal le pointeur de la souris, ou les personnes qui n’ont pas les capacités motrices nécessaires pour manipuler une souris ou un pavé tactile utilisent souvent un clavier pour naviguer dans les pages web et interagir avec les contrôles compris dans la page.

Les widgets de surcouche contiennent souvent des fonctionnalités destinées à améliorer la facilité de navigation au clavier.

Les fonctionnalités de navigation au clavier proposées par les widgets de surcouche étudiés semblent être davantage source de perturbations que d’utilité, à une exception près.

Nous avons observé un cas de surcouche qui semblait « réparer » les problèmes d’accessibilité au clavier affectant le méga menu d’un site web.
Toutefois, nous n’avons pas pu identifier s’il s’agissait d’une fonctionnalité native du widget ou de code personnalisé ajouté après-coup par l’éditeur.

Dans tous les autres cas, les surcouches ont tendance à perturber le fonctionnement du site sous-jacent :

  • pour l’une d’entre elles, un profil « Utilisateurs et utilisatrices aveugles » doit être activé : la navigation au clavier ne fonctionne pas de façon autonome ;
  • plusieurs autres surcouches ajoutent des éléments à la séquence de tabulation qui n’appellent à aucune interaction de la part de l’utilisateur ou l’utilisatrice. Celles et ceux qui naviguent dans l’interface à l’aide d’un clavier s’attendent à suivre une certaine séquence d’interaction, alors rompue par ce changement.
    En fin de compte, l’expérience crée plus de perturbations qu’elle n’apporte d’utilité.
Constat

Les contrôles de navigation au clavier proposés par les surcouches sont des fonctionnalités superflues et créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.

Suppression des distractions

Les personnes ayant des troubles du déficit de l’attention ou certains autres troubles cognitifs peuvent rencontrer des difficultés à consulter du contenu sur le Web, en particulier si la page inclut d’autres contenus distrayants.

Certaines solutions de surcouche offrent des fonctionnalités qui modifient la présentation de la page de manière à réduire les distractions.

Même si Windows et macOS possèdent des fonctionnalités d’accessibilité destinées à améliorer l’accès en cas de handicap cognitif, aucune n’est conçue pour réduire les distractions, contrairement à certaines fonctionnalités proposées par des extensions de navigateur et des technologies d’assistance.

Parmi toutes les fonctionnalités prises en charge par les surcouches, celles qui entendent réduire les distractions pourraient être les plus utiles de toutes.
Seulement quatre widgets de surcouche offrent cette fonctionnalité, laquelle requiert malheureusement l’utilisation de la souris, ce qui ajoute de nouveaux problèmes d’accessibilité pour les utilisateurs finaux.

Constat

En ce qui concerne la suppression des distractions, les surcouches sortiraient gagnantes par rapport aux capacités natives si elles n’engendraient pas de nouveaux obstacles d’accessibilité.

Conclusion

Parmi toutes les fonctionnalités de personnalisation proposées par les widgets de surcouche étudiés, seulement trois ne sont pas prises en charge par le système d’exploitation de l’ordinateur sur lequel la page web est consultée :

  • facilité de lecture de contenus textuels (famille de police de caractères, interlignage, espacement des lettres, alignement du texte) ;
  • indicateur de focus ;
  • maintien de l’attention/suppression des distractions.

Toutefois, ces fonctionnalités de personnalisation sont disponibles via des extensions de navigateurs tierces.
À titre d’exemple, Chrome Web Store offre un certain nombre d’extensions de navigateur en lien avec l’accessibilité (en anglais), qui proposent une partie ou toutes les fonctionnalités citées et s’appliqueront à l’ensemble des sites web consultés.

Si les principes sous-jacents des fonctionnalités proposées par les widgets de surcouche ont du sens et présentent une utilité, il n’en reste pas moins que les personnes qui ont besoin de ces fonctions en ont besoin sur tous les sites sur lesquels elles se rendent. Les observations présentées dans cet article tendent à montrer que l’ajout d’une surcouche à un site web n’apporte qu’une accessibilité de façade.

En effet, les surcouches sont mal positionnées dans l’écosystème technologique et la plupart des fonctionnalités qu’elles promeuvent ne sont qu’une piètre imitation de celles qui sont intégrées nativement à l’ordinateur de l’utilisateur ou l’utilisatrice.

Les personnes en situation de handicap détestent les surcouches

Les informations recueillies dans cet article mettent en lumière trois éléments importants :

  • la plupart des améliorations proposées par les widgets de surcouche présentent un avantage, en tout cas sur le papier, pour les personnes consultant un site web ;
  • quasiment toutes les améliorations proposées par les widgets de surcouche peuvent être obtenues via le système d’exploitation de l’ordinateur ou via le navigateur. De plus, des extensions tierces existent pour combler les lacunes ;
  • des problèmes affectant l’expérience utilisateur et l’accessibilité existent pour les trois fonctionnalités qui ne sont pas disponibles nativement, telles qu’elles sont actuellement implémentées par les widgets de surcouche. Elles sont donc moins utiles.

Si les widgets de surcouche présentaient un avantage pour les personnes en situation de handicap, cela se saurait : les personnes concernées en feraient l’éloge.

En réalité, c’est tout le contraire.

Un article a été publié fin 2022 dans le New York Times (For Blind Internet Users, the Fix Can Be Worse Than the Flaws – en anglais) sur le risque qu’une « solution » crée plus de problèmes que le problème initial. Dans cet article, Patrick Perdue, un homme aveugle, témoigne : « Je n’ai toujours pas trouvé de solution qui me facilite la vie », en parlant des solutions d’accessibilité web automatisées. « Je passe plus de temps à essayer de contourner les surcouches qu’à naviguer sur le site. »

Le cas de Patrick n’est pas un cas isolé. Le site Overlay Fact Sheet a compilé des témoignages de 21 autres personnes en situation de handicap (en anglais) et qui partagent le même ressenti que lui.

Les surcouches connaissent toujours un franc succès sur le plan commercial, imputable à l’ignorance générale qui règne autour du sujet de l’accessibilité.

Comme nous l’avons évoqué plus haut, les personnes en situation de handicap et les spécialistes de l’accessibilité saisissent mieux que quiconque l’ampleur des insuffisances de ces produits.
Les consommateurs sont amenés à croire le contraire, influencés en grande partie par les fausses déclarations faites par les éditeurs d’outils de surcouche (en anglais).

Comme vous le feriez pour toute autre modification de votre site web, il est toujours recommandé d’évaluer l’utilité et les performances fonctionnelles d’un produit avant de l’adopter. En ce qui concerne les surcouches, la réponse semble claire.

Traduction : Eleanor Hac

À propos

1 commentaire

Bonjour,
Et si la vraie solution était de concevoir l'interface et le code en amont pour prendre en compte les configurations matérielles des utilisateurs ?
Nous avons tout ce qu'il faut pour cela. Les media queries permettent beaucoup de choses, les variables CSS aussi et un script développé en "interne" ne coûte pas beaucoup tout en étant adapté. L'association des 3 fonctionne à merveille ! Et ça permet aux designers de se lâcher un peu…
Il n'en reste pas moins qu'un code inadapté ne sera jamais corrigé par un quelconque outil. La seule porte d'entrée pour l'accessibilité passe avant tout par la qualité de conception et de développement.
Merci pour cet article.
Anthony

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