Sous-titrer une vidéo, c’est nécessaire et c’est plus simple qu’il n’y paraît !

Attention ! Cet article a été écrit en 2018. Son contenu a peut-être besoin d’une mise à jour. Complétez votre veille avec des articles plus récents, par exemple en consultant les nouveautés de notre blog accessibilité numérique, ou en lançant une recherche pour trouver des articles similaires, mais à jour.

Lorsque vous publiez une vidéo en ligne, pensez-vous aux personnes sourdes et malentendantes qui ne peuvent pas comprendre ce qui est dit ?

Pour permettre à ces personnes de suivre une vidéo, il est nécessaire d’y ajouter des sous-titres qui vont non seulement afficher tout ce qui est dit, mais aussi donner des indications sur des effets sonores nécessaires à la compréhension de la vidéo : bruit soudain, applaudissements, rires, etc.

Vous me direz : « Mais c’est compliqué ! C’est impossible à faire ! ». Détrompez-vous ! Il existe aujourd’hui des solutions vous permettant d’afficher des sous-titres synchronisés accessibles dans vos vidéos.

En préambule

Vous avez peut-être lu sur Twitter l’exaspération régulière des personnes sourdes ou malentendantes qui n’ont pas accès au contenu audio d’une vidéo.

Par exemple, il y a un peu plus d’un an, le journal The Huffington Post publiait un article intitulé « Cette internaute sourde a su attirer l’attention en plein débat de la primaire de la gauche ». L’article cite ainsi le tweet d’Emmanuelle, @eaboaf_ :

« Je suis sourde et je veux suivre le débat de la primaire comme tout le monde. Mais les sous-titres sont pourris sur France 2. »

Les sous-titres sont une obligation légale

Le Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité (RGAA), méthode française d’application des recommandations internationales en matière d’accessibilité numérique [1], contient deux critères relatifs aux sous-titres :

Ces critères concernent les média temporels synchronisés, pré-enregistrés, c’est-à-dire, entre autres, les vidéos que l’on trouve sur YouTube. Le niveau de priorité de ces critères est le niveau A. Si ces critères ne sont pas respectés, les personnes qui n’entendent pas ou mal le son de la vidéo n’auront pas accès à l’information qu’elle transmet.

Deux autres critères concernent la nécessité d’ajouter des sous-titres aux vidéos diffusées en direct. Mais les critères correspondants sont de niveau double A (AA) car la faisabilité d’ajout de sous-titres à une vidéo diffusée en direct est plus complexe.

Dans cet article, nous nous intéressons aux techniques pour rendre les vidéos YouTube dont vous êtes propriétaire accessibles aux personnes sourdes et malentendantes, grâce à l’ajout de sous-titres [2].

Sous-titres, oui, automatiques, NON !

Des sites comme YouTube intègrent désormais une fonctionnalité d’ajout de sous-titres automatiques. Si cette option peut paraître séduisante au premier abord, en réalité, il n’en est rien.

Il suffit que les oratrices et orateurs aient une diction peu claire, qu’elles ou ils utilisent des mots techniques ou des termes dans d’autres langues, pour que l’outil de reconnaissance automatique affiche des textes insensés.

À titre d’exemple, voici quelques perles de la retranscription automatique de l’intervention de Jean-Pierre Villain lors d’un meet-up cette année  :

  • Jean-Pierre dit : « On va faire ça sur le chatbot ». La retranscription écrit : « On va faire ça sur le chat de bottes ».
  • « Ça peut être un span » est devenu « Ça peut être un cheval ».
  • WCAG, prononcé « waicague », devient « Mes gags ».

Vous comprendrez que de tels sous-titres ne sont pas pertinents et donneront une information incompréhensible pour les personnes sourdes, par exemple. Dans certains cas, la retranscription affiche même l’opposé de ce que la personne a réellement dit.

Enfin, tous les sons autres que la parole, nécessaires à la compréhension de la vidéo, ne peuvent pas être ajoutés automatiquement par l’outil de YouTube.

Mais alors, c’est impossible à faire ?

Rassurez-vous, si les sous-titres automatiques ne sont pas la solution idéale pour rendre vos vidéos accessibles, ils peuvent néanmoins vous faire gagner du temps en vous évitant de taper l’intégralité du texte prononcé. C’est ensuite à vous de corriger ces sous-titres et de les rendre pertinents.

Ce qui peut vous paraître difficile, c’est de faire en sorte que les sous-titres soient synchronisés avec la vidéo ; c’est-à-dire qu’ils défilent au rythme du débit de parole de la personne.

Pour que cette synchronisation fonctionne, il faut insérer dans un fichier approprié, (au format SRT), le texte du sous-titre et la valeur du temps où le texte est prononcé dans la vidéo. Par exemple : à 1 minute 34, tel texte est affiché. C’est ce fichier SRT, relié à la vidéo, qui permet d’afficher les sous-titres synchronisés.

La fonction de sous-titres automatiques de YouTube permet désormais d’ajouter automatiquement au texte transcrit ces codes temporels.

Vous pouvez éditer votre vidéo et corriger les sous-titres automatiques directement dans YouTube. Une fois que les corrections ont été effectuées, enregistrez les modifications et les sous-titres synchronisés seront mis à jour.

Si vous disposez déjà d’une transcription textuelle du contenu de la vidéo ou d’un fichier SRT, vous pouvez l’ajouter à votre vidéo sur YouTube. Pour cela, procédez comme suit :

  1. Affichez la vidéo dans votre navigateur. Il est nécessaire que vous soyez connecté·e à votre compte YouTube.
  2. Cliquez sur « Modifier la vidéo ».
  3. Cliquez sur l’onglet « Sous-titres » / « CC ».
  4. Cliquez sur « Ajouter de nouveaux sous-titres ou CC ».
  5. Si nécessaire, choisissez la langue.
  6. Cliquez sur « Importer un fichier ».
  7. Cliquez sur « Fichier de sous-titres » ou « Transcription ».
  8. Choisissez le fichier SRT ou txt à charger.

Si vous importez un fichier texte de transcription, il sera nécessaire d’ajouter les temps pour chaque segment de texte. Sélectionnez « Régler le minutage » et attendez que la synchronisation se fasse. En fonction de la longueur de la vidéo, cela peut prendre un certain temps.

Note : YouTube n’est pas la seule plateforme à supporter les fichiers SRT ; c’est également le cas de Vimeo, Facebook et LinkedIn.

Une méthode similaire pour ajouter des sous-titres à une vidéo hébergée par Vimeo est consultable dans l’article (en anglais) « How to create Video Captions ».

Exemple de ce que contient un fichier SRT

Voici un extrait de fichier de sous-titrage :

1
00:00:00,010 --> 00:00:10,490
Je vais vous parler d’accessibilité

2
00:00:10,490 --> 00:00:11,570
numérique, j’ai fait une

3
00:00:11,570 --> 00:00:12,350
présentation assez

4
00:00:12,350 --> 00:00:14,970
basique et générale

5
00:00:14,970 --> 00:00:16,360
vu le

6
00:00:16,360 --> 00:00:19,180
temps dont je dispose

7
00:00:19,180 --> 00:00:23,800
pour vous présenter, d’abord les bases et ensuite les

8
00:00:23,800 --> 00:00:25,090
outils et les méthodologies que l’on peut

9
00:00:25,090 --> 00:00:26,250
employer.

Un outil accessible pour sous-titrer une vidéo YouTube

Utiliser YouTube pour corriger les sous-titres automatiques n’est pas encore complètement accessible lorsqu’on se sert uniquement du clavier et/ou d’un lecteur d’écran.

Des boîtes de dialogue apparaissent, notamment pour importer un fichier, mais le curseur du navigateur n’est pas positionné dedans automatiquement.

Le texte à corriger est ensuite scindé par séquence de quelques secondes, chacune d’entre elles étant insérée dans un champ de saisie dans lequel on peut effectuer les corrections. Malgré l’existence de raccourcis clavier pour aller d’un champ à l’autre, ce travail de correction dans YouTube ne m’a pas semblé très pratique.

J’ai testé un outil gratuit qui permet d’effectuer le travail de correction de sous-titres de façon accessible.

Il s’agit de DIYcaptions [3], un outil en anglais. Il fonctionne parfaitement sous Chrome. Malheureusement, tout n’est pas encore opérationnel avec Firefox.

Lorsque vous vous connectez à ce site, copiez l’adresse de votre vidéo YouTube dans le champ de saisie approprié et choisissez « Go ».

Un nouvel onglet s’ouvre avec la vidéo. Il suffit d’écouter la première séquence de quelques secondes, de corriger si besoin et de passer à la suivante en appuyant sur ctrl+alt+entrée ou sur la touche tabulation.

Lorsque vous avez terminé la correction, vous pouvez entre autres :

  • Télécharger le fichier texte des sous-titres ;
  • Télécharger le fichier .srt.

Il vous suffit ensuite d’aller dans YouTube, de modifier la vidéo et d’y ajouter le nouveau fichier .srt. Si vous avez déjà des sous-titres automatiques sur YouTube, il convient de les supprimer ou de les remplacer par ce nouveau fichier.

Note : cet outil est également pratique pour télécharger les sous-titres d’une vidéo YouTube que vous ne parvenez pas à lire parce qu’ils défilent trop rapidement.

L’outil DIYcaptions est en développement. Vous pouvez contacter (en anglais) son auteur qui est très réactif et à l’écoute.

Quelques ressources

Maintenant les sous-titres n’ont plus de secrets pour vous. Vous n’avez plus d’excuses pour ne pas en ajouter ! Bon sous-titrage, les personnes sourdes et malentendantes vous en sauront gré !

Note : si vous avez un grand nombre de vidéos à sous-titrer, nous ne pouvons que vous conseiller de faire appel à un prestataire spécialisé.

Pour aller plus loin

Le sous-titrage n’est que l’un des aspects nécessaires pour rendre vos contenus web accessibles.

Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez consulter le guide gratuit « Contribuer sur le Web de manière accessible ». Un chapitre entier est d’ailleurs dédié à l’accessibilité des média.

Nos expert·es en accessibilité numérique animent régulièrement des formations dédiées afin de vous donner toutes les clés pour rendre vos contenus web accessibles à tous.

Vous avez des questions ? Envie d’en savoir plus ? N’hésitez pas à nous laisser un commentaire ou à nous envoyer un mail.

À propos

  • Sylvie Duchateau

    Experte accessibilité numérique

    Sylvie Duchateau a travaillé au sein d’Access42 de 2014 à 2024 en tant que consultante en accessibilité numérique et formatrice. Aveugle, Sylvie a développé une véritable expertise dans la maîtrise des technologies d’assistance : c’est pourquoi elle animait notamment nos formations aux lecteurs d’écran. Sylvie a par ailleurs contribué à traduire en français les WCAG 2.0 et 2.1.

Les commentaires sont désormais fermés, mais vous pouvez toujours nous contacter pour réagir à cet article !