Comment rendre une conférence ou une présentation accessible ? Bonnes pratiques et outils

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L’accessibilité numérique est souvent la grande oubliée des conférences et des présentations. Pourtant, il y a des éléments importants à prendre en compte pour que les personnes handicapées puissent accéder aux mêmes informations que les personnes valides tout en ayant une expérience agréable.

Cet article devrait vous donner une bonne base de travail pour vos prochaines interventions en public.

Avant la présentation

Le plus gros du travail pour rendre vos présentations accessibles se fera avant votre présentation.

La première étape est de vous renseigner sur les conditions dans lesquelles vous ferez votre présentation.

  • Est-ce qu’il y aura du sous-titrage en direct ? Est-ce que ce sera un sous-titrage automatisé ou un sous-titrage fait par des professionnel·les ?
  • De quelles taille et qualité sera l’écran sur lequel vos diapositives seront projetées ?
  • Aurez-vous un micro ?
  • Une traduction en LSF (Langue des Signes Française) est-elle prévue ?
  • Est-ce que tout le monde dans la salle pourra voir l’écran ?
  • Y a-t-il déjà des besoins d’adaptations connus ?
  • Etc.

Une fois que vous aurez obtenu des réponses à ces questions, vous aurez une idée plus claire des efforts que vous aurez à fournir pour rendre votre présentation aussi accessible que possible.

Rendre votre support de présentation accessible

Accessibilité de vos contenus

Si vous avez un support à présenter pendant votre intervention, il y a plusieurs points importants à prendre en compte pour le rendre accessible, peu importe le contexte. Voici les principaux :

  • Taille des textes : attention, ce qui vous semble lisible sur un écran d’ordinateur ne sera pas forcément lisible une fois projeté ! Pensez au fait que le public sera sûrement bien plus éloigné de l’écran que vous ne l’êtes du vôtre. Il est compliqué de proposer une taille de police qui conviendrait à tous les cas : le mieux serait de pouvoir tester avant chaque présentation, mais ça n’est en général pas possible. Alors faites en sorte que vos textes soient très lisibles.
  • Contraste des textes : vos textes doivent avoir un contraste suffisant avec la couleur de fond. Vous pouvez utiliser un outil permettant de tester les contrastes, nous recommandons par exemple Colour Contrast Analyzer (CCA). Attention, tous les écrans n’ont pas la même luminosité ou la même gestion des couleurs, alors évitez les cas limites et choisissez plutôt des contrastes bien tranchés afin d’éviter toute mauvaise surprise.
  • Polices et styles : vos textes doivent être lisibles au plus grand nombre, pour cela il est préférable d’éviter les polices scriptes et plutôt choisir des polices dont les lettres sont bien différenciables. Évitez aussi de saturer vos textes d’effets de styles : le plus simple est le mieux.
  • Longueur des textes : évitez de surcharger votre support avec trop de texte. Si vous parlez devant une page qui contient plusieurs paragraphes, les gens liront le texte et auront du mal à vous écouter en même temps. Privilégiez le fait d’indiquer seulement les informations à retenir par exemple, plutôt qu’inclure tout ce que vous allez dire à l’oral. Vous éviterez ainsi de surcharger votre public d’informations, ce qui pourrait être particulièrement difficile à vivre pour les personnes qui ont des troubles de l’apprentissage, de l’attention ou d’autres troubles cognitifs par exemple.
  • Illustrations : attention aux images animées ! Elles doivent être utilisées avec parcimonie, non seulement parce qu’elles détourneront l’attention des personnes, mais aussi et surtout parce qu’elles peuvent induire des effets de cinétose pour des personnes avec certains troubles. De plus, prenez toujours en compte les recommandations d’accessibilité pour éviter de déclencher des crises d’épilepsie avec des contenus en mouvement.

Accessibilité technique de votre diaporama

De plus, si vous partagez votre diaporama avec les personnes qui assistent à votre présentation, il faut faire en sorte qu’il soit accessible lui-même techniquement. Voici quelques solutions.

  • Microsoft PowerPoint : si vous utilisez PowerPoint, qui reste l’un des outils les plus utilisés pour les supports de présentation, vous devrez alors le rendre accessible, ce qui n’est pas toujours une mince affaire. Notre collègue Coryse Quibel a d’ailleurs écrit un article qui vous aidera à vérifier l’ordre de lecture de vos contenus dans PowerPoint.
  • Version accessible alternative : si rendre votre diaporama PowerPoint accessible est trop compliqué, ou que vous utilisez d’autres outils qui ne prennent pas en compte l’accessibilité, vous pouvez aussi faire une version alternative sur HTML à partager avec les personnes qui assistent à votre présentation.

Autres outils pour l’accessibilité de votre conférence

En fonction des informations que vous aurez récoltées à propos du contexte de votre présentation, vous pourriez avoir besoin de mettre en place d’autres outils et alternatives pour rendre votre présentation accessible au plus grand nombre. En voici une sélection.

  • Transcription : préparer en avance une transcription de votre présentation, même si elle n’est pas forcément du parfait mot à mot, est une bonne pratique. En donnant accès au contenu de votre présentation aux personnes qui pourraient en avoir besoin, vous leur permettez de pouvoir suivre même si se concentrer sur vos paroles est compliqué pour elles par exemple. C’est très utile pour les personnes sourdes et malentendantes, mais aussi pour les personnes avec troubles de l’attention ou un autre trouble cognitif. La transcription doit elle-même être accessible : une page HTML bien structurée reste la meilleure solution. La transcription est essentielle si la présentation n’est pas sous-titrée en direct ni traduite en LSF, mais elle n’est pas à négliger même dans ce cas.
  • Support alternatif accessible : si votre support de présentation contient beaucoup d’informations, ou qu’au contraire ses vignettes ne sont que décoratives, vous pouvez créer un support alternatif qui, pour chaque diapositive que vous présentez, contient une liste simple avec les éléments clés à retenir. C’est particulièrement utile pour les personnes avec trouble de l’attention ou d’autres troubles cognitifs.
  • Glossaire : si votre présentation est sous-titrée en direct ou bien traduite en LSF de manière professionnelle, les équipes en charge de ce travail vous auront certainement demandé un glossaire réunissant les mots techniques, noms propres, abréviations et sigles que vous utilisez durant votre présentation, en général sans demander de définitions, uniquement une liste de ces mots. Mettre cette liste à disposition des personnes qui assisteront à votre conférence est une bonne pratique : cela peut leur permettre de trouver des définitions et des informations complémentaires sans perdre trop de temps.
  • Outil pour poser des questions : s’il est prévu un temps d’échange avec les membres du public, vous pouvez mettre en place un outil qui permet de poser des questions par écrit. Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles des personnes handicapées pourraient avoir du mal à poser des questions à l’oral et en public : proposer une alternative écrite peut donc leur donner l’occasion de s’exprimer aussi.

Pendant la présentation

Si l’accessibilité de votre présentation se travaille principalement en amont, voici quelques points qui concernent votre performance elle-même.

  • Donner accès aux outils et alternatives : selon ce que vous avez préparé (transcription, glossaire, outil pour poser des questions, support accessible, support alternatif…), proposez un lien regroupant tous les outils et alternatives au début de votre conférence pour que le public puisse y accéder. Vous pouvez même laisser le lien dans le bas de page de votre présentation au cas où quelqu’un en aurait besoin en cours de route. Une URL simple à recopier, voire une URL raccourcie, sera la solution la plus pratique pour tout le monde.
  • Adapter votre rythme de parole : attention à votre rythme de parole, particulièrement s’il y a une traduction en LSF ou du sous-titrage en direct. Il faut toujours un peu de temps pour que les personnes qui suivent grâce à ces outils puissent avoir les informations. Si vous allez trop vite, vous compliquez le travail de sous-titrage et traduction, mais vous risquez aussi de créer un décalage entre les personnes qui suivent en vous écoutant et les personnes qui suivent en lisant les sous-titres ou la LSF. Si vous avez tendance à parler vite et que changer de rythme est compliqué, vous pouvez faire de petites pauses à plusieurs endroits pour laisser les sous-titres et la LSF vous rattraper. De plus, faire des pauses permet de récupérer l’attention des personnes qui s’étaient peut-être un peu perdues.
  • Décrire votre support à l’oral si besoin : si votre support contient des informations que vous n’avez pas prévu de dire à l’oral, lisez-les quand même au moment opportun. Par exemple, si vous avez une citation sur une de vos diapositives pour illustrer votre propos, mais que vous ne la mentionnez pas, les personnes qui ne voient pas votre support vont perdre de l’information. De la même façon, si vous avez des images complexes porteuses d’information, comme des schémas ou des diagrammes, les décrire de vive voix est important. Si votre support contient des images drôles qui doivent générer une réaction de votre public, décrivez-les aussi pour que les personnes aveugles ou malvoyantes puissent rire au même moment que tout le monde. Prendre l’habitude de restituer ces informations à l’oral est une bonne pratique d’accessibilité.

Après la présentation

Si vous appliquez tous ces conseils, vos présentations seront déjà beaucoup plus accessibles que la moyenne. Ensuite, ce qu’il vous restera à faire après votre conférence, c’est de tenir compte des retours s’il y en a.

En effet, le handicap est un domaine très vaste qui regroupe des personnes avec des besoins très variés. C’est compliqué de satisfaire tout le monde, et c’est pour ça qu’on a tendance à conseiller de créer des alternatives pour que chaque personne puisse choisir ce qui lui convient.

Néanmoins, c’est très difficile de penser à tous les cas. En étant à l’écoute des retours qui seront faits suite à votre conférence, vous pourriez être surpris·e et vous rendre compte qu’une de vos pratiques a besoin d’être recalibrée.

C’est tout à fait normal, c’est souvent le cas en accessibilité : on ne peut pas être parfaitement accessible, on peut seulement être dans une démarche d’amélioration constante de l’accessibilité.

Cependant, à votre échelle, vous pouvez faire des efforts qui amélioreront grandement l’expérience des personnes concernées, même s’il y a tout un tas d’éléments qui ne seront pas sous votre contrôle mais qui impacteront le public quand même (l’accessibilité de la salle par exemple).

Pour aller plus loin

Nos consœurs Sophie Drouvroy et Sylvie Duchateau animeront un atelier intitulé « Conférences et ateliers : si t’es pas accessible, t’es pas crédible » le 26 juin 2025 à A11y Paris.

L’objectif de cet atelier est de concevoir une liste de bonnes pratiques qui permettant de vérifier l’accessibilité des conférences et des ateliers, pour couvrir un maximum de besoins exprimés par les personnes handicapées. La liste sera ensuite diffusée à grande échelle.

À propos

  • Magali Milbergue

    Experte accessibilité numérique

    Magali Milbergue est experte accessibilité numérique et formatrice chez Access42.

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