A11y Paris 2025 : un rendez-vous encore manqué
Access42 était de nouveau présente à A11y Paris le 25 juin 2025 pour assister aux conférences et table rondes et rencontrer nos client·es, nos confrères et consœurs ainsi que les personnes formées et certifiées Access42.
Cette édition, marquée par l’entrée en vigueur de l’European Disability Act (EAA) [1] le 28 juin 2025, a permis de confirmer le retard criant des entités concernées et le manque de moyens des autorités de contrôle.
Encore une fois, le rendez-vous est manqué et ce sont les personnes handicapées qui sont lésées.

En retard, en retard…
On le sait, les sites web et applications mobiles sont encore très loin d’être accessibles pour les personnes handicapées. Le constat reste tristement peu ou prou identique d’année en année.
Les chiffres de l’Observatoire du respect des obligations d’accessibilité numérique [2], porté par la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France (FAAF) et présenté par Katie Durand et Denis Boulay, sont toujours aussi accablants.
Les entités concernées par l’obligation légale en matière d’accessibilité numérique sont en retard :
- les entités publiques doivent être accessibles depuis 2009 (2012 pour les collectivités) ;
- pour les entreprises privées dont le chiffre d’affaires est au moins égal ou supérieur à 250 millions d’euros, l’obligation de mise en conformité date quant à elle de 2019 bien qu’elle n’ait pas été accompagnée de sanction, contrairement aux obligations de publication.
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur le choix d’avoir laissé la parole majoritairement à des entreprises privées, qui toutes auraient déjà dû être conformes ou avoir une démarche de mise en conformité.
On aurait notamment aimé écouter en ouverture une personne handicapée concernée et militante plutôt qu’un représentant d’une banque expliquant à quel point l’inclusion fait partie de l’ADN de l’institution, alors même que ses sites et applications ne sont pas accessibles.
Des autorités de contrôle dépassées
La DGCCRF [3] et l’Arcom [4] étaient également présentes pour présenter leurs missions en tant qu’autorités de contrôle dans le cadre de l’EAA.
La présentation de la DGCCRF a été assez décevante. Depuis l’édition de 2023, rien ne semble avoir évolué et l’intervenante n’a pas été réellement en mesure d’expliquer comment son institution exercerait son rôle d’autorité de contrôle. D’ailleurs, à la date de publication de ce compte-rendu, Signal Conso, l’outil de signalement de la DGCCRF, ne semble pas encore avoir intégré les signalements pour défaut d’accessibilité.
A contrario, Laurence Pécaut-Rivolier, membre du collège de l’Arcom, est apparue plus à l’aise avec le sujet et bien préparée par rapport à sa première intervention lors de A11y Paris 2023. Elle a d’abord fait un bilan des actions de l’Arcom depuis que l’institution s’est vue dotée de missions en lien avec l’accessibilité numérique le 6 septembre 2023 [5] avant de présenter les nouvelles missions de l’Arcom dans le cadre de l’EAA.
Depuis le 28 juin, l’Arcom doit également contrôler l’accessibilité des livres numériques, ainsi que l’accessibilité des services fournissant un accès à des services de médias audiovisuels, en lien avec sa mission historique portant sur l’accessibilité des programmes.
Dans les deux cas toutefois, il apparait évident que les autorités de contrôle sont dépassées par les enjeux, faute de moyens suffisants accordés pour effectuer leurs missions qui sont de plus en plus nombreuses.
Se hisser à la hauteur des enjeux et accélérer
Confrontées à l’absence de moyens, les personnes investies sur le sujet de l’accessibilité numérique font au mieux pour faire passer l’accessibilité numérique à une autre échelle, qu’elles soient expertes, référentes ou AccessibilityOps.
Nous vous recommandons d’ailleurs de lire la transcription de la conférence d’Anne-Sophie Tranchet, AccessibilityOps : passage à l’échelle, qui raconte ses missions chez beta.gouv.fr et la difficulté du travail de référente accessibilité pour mettre en place l’accessibilité dans une organisation :
« Les choses évoluent lentement (et c’est frustrant car les personnes discriminées méritent bien mieux) mais c’est la seule manière d’opérer des changements pérennes dans une société qui valorise l’argent plus que l’humain. »
AccessibilityOps : passage à l’échelle, Anne-Sophie Tranchet
À l’échelle individuelle, il n’est pas toujours possible de faire plus ou d’aller plus vite. Chez Access42, nous en avons tout à fait conscience et nous poussons nos client·es et nos stagiaires à faire le maximum avec les moyens donnés en gardant une approche pragmatique, centrée sur les besoins des personnes handicapées.
Collectivement en revanche, nous avons le devoir d’exiger que les choses changent rapidement et que les droits des personnes handicapées soient enfin respectés. Il n’est pas acceptable, comme on l’a trop entendu tout au long de l’évènement, de chercher un quelconque retour sur investissement (ROI) quand on parle d’accessibilité numérique.
Au-delà des conférences et des tables rondes, ce que l’on retient surtout d’A11y Paris, c’est l’enthousiasme de se retrouver avec des personnes convaincues par l’importance de l’accessibilité numérique, qu’elles soient débutantes ou non. On sait toutes et tous à quel point cela peut redonner de l’énergie et de la force au quotidien.
Utilisons cet élan collectif pour accélérer et apporter des améliorations significatives dans le quotidien des personnes handicapées, qui doivent toujours être au cœur de notre réflexion et de notre pratique.