Interview d’Olivier Nourry, expert en accessibilité numérique et membre du jury de certification d’Access42
C’est avec plaisir que nous accueillons aujourd’hui sur notre blog Olivier Nourry, expert en accessibilité numérique, et membre externe de notre jury de certification.
Si la certification à l’audit d’accessibilité proposée par Access42 est déjà si reconnue, c’est parce qu’elle bénéficie d’un processus d’évaluation rigoureux, au sein duquel notre jury de certification joue un rôle central.
C’est justement pour recueillir son témoignage en tant que juré de certification que nous avons souhaité interviewer Olivier.
Il a répondu à nos questions avec générosité, tout en partageant le regard affûté qu’il porte sur l’ensemble du domaine de l’accessibilité numérique en France.
Access42 – Bonjour Olivier ! En quoi consiste ton métier aujourd’hui ?
Olivier Nourry – Bonjour ! J’accompagne des équipes de production pour la réalisation de contenus numériques accessibles. Cela consiste à leur transférer des compétences adaptées à leurs tâches, évaluer leurs propositions, tester leurs productions, documenter les anomalies et suivre leur résolution, fournir du support technique, sous forme de documentation ou d’ateliers…
Je réalise également des audits de conformité, et donne des formations spécialisées par métiers. Ma particularité est que je propose des prestations complètement personnalisées, selon le contexte et le budget.
En parallèle, je suis associé d’une entreprise de conseil spécialisée dans l’accessibilité des jeux vidéo. J’y fais la même chose, en gros, mais sur des objets numériques complètement différents ! Et c’est passionnant.
Access42 – Pourquoi as-tu accepté de faire partie du jury de certification d’Access42 ?
Olivier Nourry — J’ai littéralement vu naître Access42 ! Jean-Pierre Villain, son fondateur, qui nous a malheureusement quittés, était mon ami et mon mentor. On a travaillé ensemble depuis pratiquement les débuts, notamment pour la mise à jour du RGAA, dès 2014.
J’ai toujours été très admiratif de ce qu’Access42 a construit en matière de formations à l’accessibilité numérique. C’est aujourd’hui une référence incontestable, un gage de sérieux et de crédibilité. C’était un honneur de me voir proposer cette responsabilité, comment aurais-je pu ne pas accepter !?…
Access42 – Selon toi, pourquoi est-il important de faire certifier ses compétences professionnelles en matière d’accessibilité numérique ?
Olivier Nourry — La formation est essentielle dans ce métier. Il faut le plus possible de gens formés pour démystifier le domaine, diffuser la connaissance et la compétence au sein des équipes, pour la généraliser et la banaliser. Sortir du piège d’une spécialité de niche qui serait l’apanage d’une poignée de sachants… car il y a beaucoup trop de travail devant nous pour cela.
Si j’accompagne une vingtaine de projets par an, c’est déjà beaucoup à mon échelle, mais c’est une goutte d’eau dans l’océan. Rien que dans l’administration française, il y a des dizaines de milliers de sites web concernés par l’obligation légale.
Les grandes entreprises privées sont déjà sous le coup de cette obligation, mais dès juin 2025, le secteur privé va être fortement impacté, dont une kyrielle de sites e-commerce… La demande risque d’exploser.
Il faut d’urgence former de grandes quantités de spécialistes capables de prendre le relais sur le terrain. Le problème c’est que ce n’est pas une profession réglementée, et qu’il n’y a pas réellement de diplôme. Tout le monde peut s’autoproclamer expert en accessibilité, et on n’a pas vraiment de moyen de le vérifier facilement.
Une certification de compétences en accessibilité numérique, obtenue selon un processus rigoureux et une évaluation par des pairs, est une avancée majeure. Que ce soit pour un employeur ou un client, c’est la garantie qu’un enseignement de qualité a été acquis et validé.
Access42 – Au regard de ton expérience dans le domaine, comment juges-tu les décisions politiques de la France en matière d’accessibilité numérique jusqu’à présent ?
Olivier Nourry – Depuis la loi Handicap de 2005, l’État nous a habitués à l’attente. On a attendu 4 ans pour un premier décret, qui a accouché d’un résultat assez bancal au final, et qui n’était pas soutenu sur le plan financier.
Puis il y a eu un sursaut, vers 2013-2014, où on a vu des moyens être attribués pour faire progresser le dispositif et davantage accompagner les administrations. Il y a même eu un marché public permettant à des entités administratives nationales d’acheter plus facilement des prestations d’audits et d’accompagnement, avec une forme de standardisation de ces services. On pensait être sur une bonne dynamique.
Mais ce marché n’a pas encore été renouvelé à ce jour, ce qui ressemble à un recul. En 2019, le RGAA a connu une nécessaire mise à jour suite à l’évolution des standards internationaux. Cependant, une nouvelle version de ces standards, il y a près d’un an, n’a toujours pas été répercutée dans notre référentiel national, et on ne nous donne pas de visibilité là-dessus.
Et tout est souvent comme ça. On voit des signes positifs, on s’en félicite, puis on est frustré, car ça reste très en deçà de ce qui semble devoir être fait au regard du besoin.
Alors forcément, les choses ont beaucoup évolué depuis mes débuts en 2006. Mais si à cette époque j’avais essayé d’imaginer la situation en 2024, j’aurais probablement pensé que l’on serait bien plus avancés que nous ne le sommes effectivement aujourd’hui.
Access42 – Les missions de l’Arcom pour contrôler la mise en œuvre du RGAA se précisent. Qu’en penses-tu ?
Olivier Nourry — C’est un bon exemple d’une avancée qui donne espoir d’un mieux, tout en incitant à la prudence. Déjà, on a une autorité désignée, c’est un progrès… mais avec aussi beaucoup d’interrogations et de doutes.
Les moyens humains semblent très insuffisants, ne serait-ce que pour tenir les objectifs de mesure de conformité. Il n’y a pas de marché public qui permettrait de soulager l’ARCOM de ce genre de tâches vers des prestataires externes. La tâche paraît dantesque.
Il y a aussi encore beaucoup de questions ouvertes, notamment concernant les délais, les priorités, les outils techniques et administratifs, la façon dont les désaccords seront arbitrés, les critères qui permettront de déterminer les sanctions… Va-t-on les proportionner à l’impact du service ? Aux moyens de l’entité fautive ? À l’ancienneté du service ? À un taux de conformité, ce qui donnerait à cet indicateur très imparfait une importance démesurée ?
Et on parle toujours des sites web, mais quid des applis mobiles, des bornes interactives, des documents électroniques, en théorie également concernés par la loi ? Comment va-t-on en mesurer la conformité, alors que l’on n’a pas officiellement l’équivalent du RGAA pour le faire ?
Ce sont des questions essentielles, que nos clients nous posent, et qui sont bien normales. Aujourd’hui, dans l’hypothèse où ces réponses existent, il faut bien constater qu’elles ne sont pas partagées avec le terrain.
Donc mon côté optimiste est ravi de voir que les choses se précisent, mais mon côté réaliste demande à voir ce que ça va donner concrètement.
Vous aussi, faites certifier vos compétences en accessibilité numérique par Access42
Se former, c’est très bien, mais valoriser vos nouvelles compétences en accessibilité grâce à une certification professionnelle à l’accessibilité numérique délivrée par Access42, c’est encore mieux !
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